Étude pilote biomarqueurs Covid-19

Un laboratoire de recherche

Contexte


Le SARS-Cov2 est un nouveau virus, pour lequel la population n’a pas d’immunité préexistante, responsable de la maladie Covid-19. Parmi les personnes symptomatiques avec une infection confirmée :
 
  • 81% des cas sont légers (pas de pneumonies ou pneumonies non graves),
  • 14% sont sévères (pneumonies sévères),
  • 5% sont critiques (signes de détresse respiratoire, choc septique et dysfonction ou défaillance d’organes multiples) et nécessitent une prise en charge en service de réanimation.
Ces formes graves sont généralement d’apparition retardées, 7 jours après les 1er signes cliniques ; c’est en effet à ce moment-là que surviennent des tableaux de détresse respiratoire aiguë de l’adulte (SDRA). Ces tableaux font tout le pronostic de l’infection ; ils conduisent les patients en réanimation, et sont responsables de presque tous les décès. De façon tout à fait original, ces SDRA surviennent en association avec un "orage cytokinique" sévère, c'est à dire un emballement du système immunitaire ; il apparait de plus que cet emballement est la cause de ces aggravations tardives et de la mortalité.

Objectifs généraux


Une équipe du CHU Grenoble Alpes et de l’Université Grenoble Alpes a démarré, dès mars 2020, une recherche bioclinique d’urgence centrée sur les patients atteints du Covid-19, afin d’être en capacité de mieux comprendre et d’adapter la prise en charge de ces patients avant l’aggravation de leur état.

Ce projet s’inscrit totalement dans l’amélioration du diagnostic du niveau de sévérité à l’hospitalisation des patients covid-19 mais également à l’amélioration de leur prise en charge thérapeutique.

Nos objectifs sont :
 
  • Contribuer très rapidement à l’amélioration de la prise en charge des patients au CHU Grenoble-Alpes par l’identification de marqueurs pronostiques d’aggravation de la maladie.
  • Guider la prise en charge éventuelle par immunomodulateurs.
  • Partager au fur et à mesure avec les collègues soignants d’autres structures nationales et internationales.

Objectifs et enjeux spécifiques du projet

 
  1. Décrire la physiopathologie de l’aggravation des patients Covid-19 hospitalisés au CHUGA (analyse des données biologiques et cliniques collectés à plusieurs temps dans la prise en charge du patient au CHUGA).
  2. Identifier des biomarqueurs prédictifs (empreinte à J0 de l’hospitalisation permettant la stratification despatients et leur meilleure prise en charge en anticipant la survenue de l’hyperinflammation).
  3. Améliorer la collecte exhaustive des données de santé en vue de leur utilisation ultérieure en lien avec le projet PREDIMED (entrepôt de données de santé du CHUGA).
  4. Contribuer aux efforts internationaux de recherche et de mise au point de nouveaux protocoles en matière de lutte contre le covid-19 et à terme, développer un protocole de soin permettant d’identifier précocement des biomarqueurs révélateurs de l’orage cytokinique et d’agir précocement en amont de l’aggravation.

Démarche scientifique


Il s’agit de mettre en place dès maintenant des prélèvements séquentiels des patients à jours J0, J+3 et J+7 de leur hospitalisation et de rechercher quels biomarqueurs sont prédictifs (cytokines, protéines de réponses de l’hôte, métabolites) durant cet orage cytokinique pour anticiper la prise en charge par des thérapeutiques immunosuppressives et sauver des vies. Les porteurs de projet, et notamment le Pr Olivier Epaulard, participent par ailleurs activement à la démarche nationale (cohorte nationale French Covid-19 et étude clinique DISCOVERY porté par le groupe REACTING).

Phase 1 : test et soin – Durée : 2 à 3 mois, Démarrage 1er avril 2020

  • Réaliser des dosages de biomarqueurs afin de guider la prise en charge thérapeutique
  • Récolter des données :
    • biologiques sanguines (IL-6, IL-10, ferritine, protéines de l’inflammation (CRP, PCT, ..), immunophénotypages (expression d’HLA-DR par les monocytes, phénotypage lymphocytaire T, B et NK...), NFS, ionogramme, gaz du sang, bilan hépatique, bilan cardiaque)
    • clinique (indice de masse corporelle, symptômes (fièvre, toux, dyspnée, agueusie, anosmie, confusion, diarrhées, …), antécédents et comorbidités, traitements habituels, date des premiers symptômes, date d’hospitalisation, critères de gravité, recours à l’oxygénothérapie, recours aux soins intensifs, nécessité de l’intubation …)
Cette phase a un impact direct en termes de soin tout en préparant la Phase 2.

Phase 2 : recherche - Durée : 18 mois

  • Approfondissement des connaissances basées sur les données de la phase 1, permettant de définir un protocole de prise en charge des patients.
  • Décrire des signatures moléculaires spécifiques associées à une aggravation tardive, en utilisant des approches « -omiques » non ciblées (protéomique, métabolomique, …)
  • Pour cela, développer des collaborations avec :
    • d’autres unités de recherche et équipes du site Grenoblois : CEA Grenoble, IBS, IAB, TIMC, HP2
    • des équipes internationales : laboratoire de recherche américain : Dorrestein Lab
Publié le  3 septembre 2020
Mis à jour le 13 décembre 2021